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Johnny Got His Gun | Dalton Trumbo | 1971


Johnny Got His Gun - Johnny s'en va-t-en guerre
(Etats-Unis, 1971, 111 min).

RÉALISATION, SCÉNARIO
Dalton Trumbo, d'après son roman publié en 1939.

PHOTOGRAPHIE
Jules Brenner.

DÉCORS
Harold Michelson.

MONTAGE
Millie Moore.

PRODUCTION
Bruce Campbell, Tony Monaco et Christopher Trumbo.

INTERPRÈTES
Timothy Bottoms, Kathy Fields, Marsha Hunt, Jason Robards, Donald Sutherland.


Un hymne pacifiste

Pour écrire son livre, dont il a tiré le film, Trumbo s'est inspiré de souvenirs personnels et d'articles de presse. RUE DES ARCHIVES

Jean de Baroncelli, Article paru dans l'édition « Le Monde » du 18 mai 1971

De la souffrance morale d'un jeune soldat isolé dans son corps après avoir été déchiqueté par un obus, le réalisateur tire une oeuvre onirique et émouvante. Son réquisitoire ne perd jamais de sa force.

Dalton Trumbo a 65 ans. Romancier, scénariste, auteur dramatique, il n'avait jamais fait de mise en scène de cinéma. En 1964, Luis Buñuel fut tenté de porter à l'écran Johnny Got His Gun et Trumbo travailla avec lui au scénario. Mais le producteur fit faillite. Quelques années plus tard, Trumbo reprenait le projet, et malgré le refus des "major companies" hollywoodiennes de s'intéresser à l'affaire, décidait de tourner lui-même le film.

L'histoire de Johnny Got His Gun est atroce. Pendant la première guerre mondiale, un jeune soldat américain est déchiqueté par un obus. Il n'a plus ni bras ni jambes, son visage est en bouillie. Il est aveugle et sourd. Mais son coeur bat encore. Le médecin qui le soigne (à titre expérimental) est persuadé que le cerveau est atteint.

En réalité, Johnny est parfaitement conscient. Sa mémoire fonctionne et le toucher lui permet de communiquer avec le monde extérieur. Bref, il sait ce qu'il est devenu. S'il ne souffre pas physiquement, sa souffrance morale est intolérable et, du fond de son gouffre, il hurle au secours, sans qu'on veuille l'entendre.

L'adaptation d'un tel sujet présentait de sérieuses difficultés, que Dalton Trumbo n'a pas toujours réussi à vaincre. L'essentiel du récit est, en effet, constitué par le long monologue intérieur de Johnny. Une voix qui était la sienne nous fait continuellement plonger dans son passé et dans ses rêves. Souvenirs et phantasmes oniriques que le réalisateur traduit en images souvent pesantes et maladroites. La force et l'expérience d'un Bergman ou d'un Buñuel manquent à cette partie du film.

En revanche, toutes les scènes (en noir et blanc) qui se déroulent au chevet du malade expriment parfaitement l'horreur de la situation. Et quand intervient une jeune infirmière qu'une immense pitié attache à Johnny et que, grâce à elle, celui-ci peut exprimer son désespoir, nous vivons des moments de réelle émotion. Une fois de plus, la guerre est clouée au pilori par une oeuvre implacable. Le film a des défauts, la violence du réquisitoire nous aide à les oublier.



Dalton Trumbo

Propos recueillis par Louis Marcorelles " Le Monde " du 2 mars 1972

J'avais écrit mon livre à la fois à partir d'expériences personnelles : mes souvenirs d'adolescence, et des articles de journaux consacrés aux victimes de la première guerre mondiale. J'étais trop jeune pour l'avoir vécue personnellement, mais je me rappelais l'excitation qu'elle avait suscitée. Plus tard, avant de rédiger le roman, j'ai lu deux comptes rendus - dans des journaux canadiens - qui m'ont beaucoup impressionnés. Ils racontaient, entre autres, la visite du roi d'Angleterre à un mutilé de guerre complètement paralysé... Il avait communiqué avec lui en l'embrassant sur la poitrine.

Le livre est né dans la ferveur. Je l'ai dicté à ma secrétaire dans un sorte d'improvisation. Je ne pensais nullement en tirer un jour un film. Puis, en 1964, j'ai rencontré le producteur de Luis Buñuel, Gustavo Alatriste (...). Alatriste me dit que Buñuel mettrait en scène le film si j'en écrivais l'adaptation, et je suis parti pour Mexico retrouver Luis, que je connaissais depuis plus de dix ans. (...) Huit mois plus tard, j'avais terminé mon adaptation et je l'ai envoyée.

Mais Gustavo Alatriste n'avait plus d'argent et le script m'est revenu. (...)
Le film achevé, je l'ai projeté à Luis, un peu comme un chien rapporte un os à son maître. Luis l'adora, particulièrement la scène où l'infirmière essaie d'étrangler Johnny et échoue. Je lui ai dit : c'est votre scène !

Effectivement, il me l'avait suggérée, c'était consigné dans le livre, de sa propre écriture. Luis, c'est un tout. Il avait conçu la scène, l'avait totalement oubliée, puis, la voyant à l'écran, l'adorait autant que lorsqu'il l'avait lui-même inventée.

L'expérience du tournage a été pour moi assez unique. J'ai découvert le pouvoir, un extraordinaire sentiment de puissance en tant que metteur en scène. Mon principal travail avec les acteurs a consisté à les entourer d'affection.

Timothy Bottoms, qui joue Johnny, avait 19 ans, il n'avait jamais paru devant une caméra, avec lui j'étais un peu comme un grand-père. Il est assez typique de la jeunesse des années 1970, hypersensible, très subjectif, un peu éloigné de la réalité. (...)

Le vieil Hollywood est mort, et pas seulement à cause de la liste noire dont j'ai été une des victimes. L'Amérique a terriblement changé après la guerre, ce n'est plus le même pays. "




Trumbo, du scénariste star au paria de la "liste noire"

Antoine Thirion "Cahiers du cinéma"

James Dalton Trumbo publie Johnny Got His Gun l'année où Hitler envahit la Pologne. A 34 ans, c'est l'un des scénaristes les mieux payés d'Hollywood. Né dans une famille pauvre du Colorado, il dut longtemps se résigner à mettre de côté sa vocation pour l'écriture, la mort de son père, en 1934, l'obligeant à travailler dans une boulangerie afin de subvenir aux besoins de sa mère et de ses soeurs.

Il parvint néanmoins à publier des nouvelles dans plusieurs revues prestigieuses, dont Vanity Fair et Vogue, jusqu'à la parution de son premier roman en 1934 (Eclipse). La même année, la Warner Bros l'engage comme lecteur, puis scénariste pour des séries B. Au moment de rejoindre la MGM en 1937, il a déjà travaillé dans tous les plus grands studios hollywoodiens : Columbia, Paramount, 20th Century Fox, RKO.

S'il n'adhère officiellement au Parti communiste américain qu'en 1943, il en était déjà bien avant un célèbre sympathisant. Le message de Johnny s'en va-t-en guerre correspond à l'époque à la ligne du parti, résolument pacifiste et critique envers Roosevelt et l'engagement militaire américain. Le parti accueille d'ailleurs le roman avec enthousiasme et l'érige en modèle de l'isolationnisme qu'il prône. Une diffusion radiophonique le popularise encore davantage, notamment grâce à James Cagney, qui prête sa voix au héros mutilé.

L'attitude du Parti communiste américain tenait en grande partie au pacte de non-agression passé par Hitler et Staline. Lorsque l'Allemagne envahit l'URSS, le parti change de position et soutient celle de Roosevelt. Trumbo ordonne alors à son éditeur de retirer son livre du marché populaire chez les pacifistes, les isolationnistes et les fascistes.

En 1944, il va jusqu'à montrer au FBI des lettres lui réclamant des copies du livre épuisé, se conformant à l'ordre du parti de dénoncer toute attitude antipatriotique.


1971.

Cela fait bientôt douze ans que le nom de Dalton Trumbo a ressurgi sur les écrans, à l'occasion d'Exodus (1959), en partie grâce à l'insistance du cinéaste Otto Preminger. La liste noire est enterrée ; les " dix de Hollywood " dont Trumbo faisait partie, et qui avaient été condamnés pour avoir refusé de répondre aux
questions de la commission des activités antiaméricaines (Trumbo fit dix mois de prison ferme), peuvent enfin officiellement reprendre le travail.

" Officiellement ", car Trumbo, comme d'autres, n'a pas cessé de travailler sous des noms d'emprunt. Exilé à Mexico puis en Europe, il a notamment écrit le scénario des magnifiques Gun Crazy de Joseph H. Lewis - sous le pseudonyme de Millard Kaufman, l'histoire d'une cavale amoureuse à laquelle Bonnie & Clyde empruntera beaucoup, Le Rôdeur de Joseph Losey, et Vacances romaines (Billy Wilder, 1953).

Ses alias ont même reçu à plusieurs occasions des Oscars, dont Robert Rich pour Les clameurs se sont tues (Irving Rapper, 1956), rendu à son auteur en 1975, de même qu'une statuette posthume en 1993 pour Vacances romaines.

Cinq ans avant de mourir d'une crise cardiaque consécutive à un cancer du poumon, Trumbo tourne l'adaptation de son fameux roman de 1939, lequel entre alors en résonance avec le désastre du Vietnam.

Johnny s'en va-t-en guerre demeure son seul film en tant que réalisateur - tâche qu'il n'a au fond jamais réellement souhaitée, convaincu au contraire que le véritable auteur d'un film est son scénariste.


Johnny Got His Gun - Johnny s'en va-t-en guerre (1971) Dalton Trumbo